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Emmanuelle

N. B. Ce texte est une transcription adaptée de l’entretien diffusé sur la cassette. Il y a donc quelques reformulations.

Peux-tu te présenter ?

Je suis Emmanuelle. Je suis commissaire d’exposition indépendante, éditrice, et je vis au 20 rue de Panama depuis une vingtaine d’années maintenant.

Quand et comment es-tu arrivée à la Goutte D’or ?

Je suis arrivée dans ce quartier de manière complètement fortuite, avec mon mari qui était mon mec à l’époque. On arrivait de Rouen, il était développeur, j’étais jeune éditrice. On a décidé de s’installer à Paris. On est resté un an rue du Faubourg du Temple, près de République. Puis au bout d’un an, on s’est dit que les loyers parisiens étaient super chers, donc il fallait vraiment qu’on essaie d’acheter un appartement. On a visité pas mal de choses, c’était compliqué, c’était très cher. On est tombés sur une annonce, rue de Panama, 80 mètres carrés. On s’est dit : « on y va. » Quand j’ai annoncé à mes collègues que j’allais visiter un appart rue de Panama à Château-rouge. On m’a dit : « Mais t’es dingue ! Personne ne veut aller dans ce quartier, les taxis ne rentrent pas. » Et je me suis dit qu’on allait voir quand même. J’ai pris rendez-vous et quand je suis rentrée dans l’appart’, je me suis dit que c’était pas mal.

C’était le moment où Paris commençait à être le Paris à vélo, il y a une vingtaine d’années, je me souviens être arrivée en vélo. J’ai posé mon vélo juste à côté de l’appartement, je suis descendue du vélo et je me suis dit : « Ouah, en fait, ce type de quartier existe à Paris », moi j’arrivais de province, je ne pensais même pas que ça existait, j’étais vraiment en Afrique. C’était un délire. Et pourtant on a beaucoup voyagé, surtout en Asie, majoritairement. Puis quand on est rentrés dans l’appart, on a vu un bel appartement haussmannien avec des grandes pièces magnifiques, donc on s’est dit, on y va, envers et contre tout. C’est comme ça qu’a commencé notre aventure parisienne. Dix-huitième, Château Rouge, la Goutte d’Or.

Comment j’ai vécu l’évolution du quartier ? Je trouve qu’il a pas mal évolué, plutôt dans le bon sens. Si on parle de choses du quotidien, il y a moins de vente à la sauvette qu’à l’époque, c’est un peu plus propre, il y a moins de bordel aussi que quand on est arrivés il y a vingt ans. Mais tu ne sais jamais ce qui va se passer la nuit à Château Rouge, surtout l’été, comme en ce moment. Tu laisses tes fenêtres ouvertes, il y a des nuits calmes, il y a des nuits où il se passe des trucs de fou, mais c’est toujours une surprise. T’es jamais tranquille en fait. On a des prostituées en bas de chez nous et il suffit d’une petite embrouille avec un client ou entre nanas pour que ça hurle à tout va pendant vingt minutes à quatre heures du matin. Mais t’as des nuits… Quand on a des grosses canicules, comme il y a quinze jours, des nuits où il a fait pas loin de 40°, c’est étonnamment calme.

On est au dernier étage maintenant, on a changé d’appartement dans le même immeuble. On est arrivé au premier étage et maintenant on est au 5-6. L’été, les fenêtres sont ouvertes pour avoir de l’air et on vit avec la rue.

Il y a une sorte de petit brouaha qui commence en début de journée. Et puis une sorte de rumeur qui monte au fur et à mesure de la journée. Parfois la nuit, ça retombe, et parfois, ça se barre un peu en cacahuètes… et en même temps, c’est ce qui nous énerve et nous plait aussi ici, c’est une aventure chaque jour.

À la Goutte d’Or, à Barbès, c’est un peu différent. Mais chez nous, à Château Rouge, il y a des boutiques, donc le matin c’est livraison, à partir de midi, les gens arrivent pour faire les courses et ils traînent jusqu’à vingt heures. La majorité des gens qui font les courses dans le quartier, c’est pas des gens qui vivent dans le quartier, qui viendraient faire les courses et rentreraient chez eux. Ils viennent souvent en famille, prennent un coup au bar, se font un petit mafé ou un petit thieboudiène sur le pouce avant de repartir.

Donc il y a une sorte de brouhaha et normalement, à partir de vingt heures, vingt et une heures, ça redescend tranquillement. Sauf quand il fait chaud, que les esprits s’échauffent un peu. On boit des bières, tout le monde est un petit peu énervé, donc on traîne. Et puis des fois ça part un peu en live, mais c’est la vie ici.

Tu peux pas vivre ici si t’as peur des surprises. Si pour toi, ce qui est important dans la vie, c’est d’être allongé dans ton lit, d’entendre aucun bruit et de t’isoler complètement, c’est sûr que tu supportes pas ici. Nous, on aimerait bien que ce soit plus calme, mais c’est comme une drogue parfois.

Parfois – ça m’est arrivé dans les Batignolles il n’y a pas si longtemps – je vais dans d’autres endroits à Paris, je m’assois en terrasse. J’étais avec mon mari, et on s’est dit : « C’est calme, ici, c’est bien. » Et puis au bout d’un moment, on s’est dit : « Oui, mais en fait, ça doit être chiant. » [rires]

Le quartier a changé en mieux. On aimerait bien qu’il change encore un petit peu pour qu’il soit plus propre, qu’il y ait plus de civisme, qu’on jette pas les trucs par terre et qu’on respecte plus la qualité de vie de tous.

En même temps, je n’ai pas envie que le quartier devienne trop clean. Voilà. Mais c’est vrai que la rue Myrha par exemple, où il y a une petite librairie sympa qui s’est ouverte, où il y a la cantine Myrha… Ça fait aussi plaisir d’avoir un peu de diversité de boutiques et de restaurants.

Ça me fait plaisir d’avoir quelques endroits où je me retrouve un petit peu plus, en tant que maman de deux filles, 46 ans, on va dire blanche – c’est la vérité, voilà, on est blancs quoi. Ça ne veut pas dire qu’on ne s’entend pas avec les gens qui sont noirs et qui sont Africains, mais c’est juste que parfois on n’est pas super à l’aise de rentrer dans un petit resto africain. Ça nous arrive, on va beaucoup dans des bars du quartier ou dans des restos du quartier, il y a l’indien Navel qui est super connu, on va Aux Trois Frères, on va à l’Olympic Café, mais c’est vrai que c’est un peu plus mixé. Et c’est quand même agréable d’avoir quelques lieux où c’est un peu plus simple pour nous d’arriver, sans vouloir faire de distinction.

La manière dont ça change n’est pas trop drastique, trop forte. On n’a pas l’impression qu’il y a une gentrification incroyable, ça se fait lentement et c’est peut-être pas mal que tout ça se fasse lentement, et avec des commerces qui ouvrent et sont, peut-être, plus adaptés pour des gens comme nous, mais qui respectent aussi le quartier, qui sont bien intégrés. C’est pas une gentrification violente et intrusive.

Mes filles, c’est des enfants de la Goutte d’Or. Elles sont nées dans le 12e, mais c’est des enfants du 18e. De toute façon, il n’y a pas de maternité dans le 18e, à Lariboisière oui, mais pas dans le 18e véritablement.

Elles sont nées à Paris, élevées à Paris, école publique rue Richomme, école de la Goutte d’Or. Maternelle aussi de la Goutte d’Or, donc c’est vraiment des pures Parisiennes. Ma grande est au collège. Le collège public… C’est compliqué dans le quartier parce que le collège Clémenceau, c’est un collège qui est difficile. Donc là on s’est un peu débinés, je vais pas le dire autrement. Elle est dans un collège privé, alors que moi je ne suis jamais allée dans une école privée de ma vie. Je ne suis pas du tout pour les écoles privées, je n’ai pas du tout été éduquée comme ça.

Julien, lui, s’est retrouvé dans le privé, mais plus parce qu’il foutait pas grand-chose à l’école que par conviction familiale. Mais ma grande est dans un collège privé dans le dix-huitième, vers Simplon. C’est pas trop élitiste, c’était pas le but de la manœuvre. Et c’est un collège privé avec beaucoup de mixité, beaucoup plus qu’au collège Clémenceau dans lequel il y en a peu. Dans le collège privé où elle est, toutes les communautés du quartier sont représentées, et de manière assez équitable.

Il y a une bonne communauté chinoise, parce qu’il y a une section chinois. Ma fille fait du chinois, elle a quatorze ans, elle est en quatrième, elle rentre en troisième. Beaucoup de communautés, beaucoup d’enfants issus aussi de l’immigration maghrébine, des enfants de la Goutte d’Or et beaucoup d’enfants du 93, Saint-Ouen et Saint-Denis, avec beaucoup de communautés africaines aussi, mais surtout maghrébines, et un petit peu de communauté juive aussi. Je me suis un peu assise sur mes convictions personnelles sur le privé parce que j’ai eu peur pour ma fille. Mais, je le dis en toute honnêteté, j’aurais aimé que cette mixité-là existe à Clémenceau.

Alors si tous les gens comme nous partent, comment vous voulez créer de la mixité ?
Mais moi, je n’ai pas envie que ma fille soit un cobaye pour créer de la mixité. C’est un peu le serpent qui se mord la queue. Je sais bien que ce qu’on a fait est pas politiquement correct, entre guillemets.
Mais je préfère dire honnêtement que je ne suis pas très fière et que je n’ai pas de solution à donner. En même temps, je suis une mère, je fais au mieux. Par contre, la mixité existe vraiment à l’école publique rue Richomme, avec des professeurs et des équipes merveilleuses qui sont vraiment des exemples pour l’éducation nationale, qui sont des gens incroyables. Je suis très fière que mes filles soient allées à l’école publique Goutte d’or, parce que c’est des supers écoles rue Richomme.

Je les défends même auprès des nouveaux arrivants. Dans l’immeuble, une jeune famille est arrivée et je leur ai dit : c’est des supers écoles. Il y a de très bonnes écoles à la rue de la Goutte d’Or aussi, mais je parle de ce que je connais.

C’est top et il y a une vraie mixité. J’ai trouvé que c’était très important pour les enfants, pour les filles d’être éduqués dans ce milieu-là. Et on a beaucoup voyagé, donc c’est un peu la suite de ce qu’on avait envie de leur transmettre.

On est restés à peu près une quinzaine d’années, voire seize ans dans notre appartement au premier étage, et on a voulu partir parce qu’on était un peu usés par le quartier. C’est un quartier hyper attachant parce qu’il y a un côté village, parce qu’on ne te laissera jamais en galère. Quand mes filles rentrent toutes seules de l’école, je sais que s’il y a un problème, il y aura toujours quelqu’un pour les aider.

C’est un quartier très attachant pour ça. En plus, on est super identifiés. Finalement, c’est un quartier dans lequel il y a assez peu de blancs dans la rue, donc en fait les blancs qui sont là sont identifiés. Moi, je m’en suis pas rendu compte tout de suite. Mais une fois, j’étais enceinte, j’avais oublié mes clés, je me suis retrouvée baleine échouée sur le bord du trottoir. Des femmes sont venues me voir, m’ont dit : « Mais on te connait, t’habites là. Ça va ? Tu veux de l’eau ? » Je dis : « Mais vous connaissez ? Mais moi je vous connais pas. » Elles m’ont dit que, oui, elles me voient tous les jours passer. Donc c’est bizarre, mais j’ai réalisé d’un coup qu’on était super identifiés. Je ne m’en rendais pas compte.

Quand tu vis ici, tu te rends plus compte que toi, t’es blanche. Les gens sont globalement d’origine africaine, noirs et, au bout d’un moment, c’est ta vie donc t’as plus cette différence. En fait oui, on est blanc, donc on est identifiés. Les gens nous voient, même ceux qui ne vivent pas ici mais font du business dans la rue, ils savent très bien qui t’es et ils savent très bien où t’habites. Et toi tu ne fais plus attention parce que c’est ton quotidien, mais eux, ils t’ont vraiment bien identifiée.

C’est un quartier qui est vraiment chouette pour ça, il y a vraiment un esprit village. C’est chouette. Par contre, c’est vrai que c’est un quartier qui est fatigant à caus du bruit tout le temps.

## Te vois-tu vieillir à la Goutte D’or ?

En vieillissant, des fois t’es un peu saoulé. C’est un peu je t’aime moi non plus. Des fois tu dis j’adore, c’est mon quartier, c’est mon territoire ici. J’ai jamais eu ce lien d’ailleurs avant et moi-même, ça m’étonne.

Je repense à un son de rap français de quand j’étais ado, sur Rapattitude. Il y avait un son, je ne sais plus lequel, où le mec disait « Quartiers nord hardcore ». Je me suis prise deux-trois fois à me balader dans le quartier en me disant : « c’est les quartiers Nord, ici, tu vois, c’est les vrais qui vivent là ». Un truc trop bizarre d’appartenance à un territoire un peu dur mais que j’aime profondément, et de me dire de me dire que je suis cinglée d’avoir cette impression là. Et j’ai même l’impression que, si je quitte Paris ou que je change d’arrondissement dans Paris, chez moi, ce sera toujours le dix-huitième.

C’est un truc très très étrange. J’ai fait des digressions… on a voulu partir et on s’est rendu compte que c’était super cher dans le reste de Paris, qu’ici on connaît bien, on est sur la ligne 4, la ligne 12. Depuis que mes filles sont toutes petites, on fait des photos devant le Sacré-Cœur, au début c’était quasiment toutes les semaines, puis tous les mois, maintenant plutôt une fois ou deux fois par an. On a deux cents photos – des enfants qui grandissent, de nous qui vieillissons, de moi avec un gros ventre, plus de gros ventre, devant le Sacré-Cœur. J’ai l’impression que même si je quittais Paris, je reviendrais toujours faire cette photo au Sacré-Cœur, parce que ce qu’on a vécu ici dans ce quartier, c’est quand même vingt ans de jeunes adultes, de fêtes, on est devenus parents. C’est des moments hyper importants dans une vie. J’ai l’impression que je me sentirais toujours attachée à ce quartier même si j’allais m’exiler – et encore, dans le vingtième ou dans le dix-neuvième puisque de toute façon si on devait bouger on pourrait acheter que dans ces arrondissements-là, parce qu’on n’a pas les moyens d’acheter ailleurs, ou en sortant de Paris. Quand on a voulu partir, on s’est rendu compte que ça serait compliqué financièrement parlant, on a visité des trucs qui étaient moins bien et plus cher que ce qu’on avait.

Et puis, on a eu un appart’ dernier étage de notre immeuble, donc cinq-sixième, dernier étage pas d’ascenseur, mais balcon filant, vue sur Montmartre, grand salon, tout ce qu’on voulait donc on est restés dans le quartier. Pour moi, c’est pas vraiment un problème, je me suis même dit que ça serait plus simple. Mon mec aurait bien aimé voir autre chose, quitte à rester à Château Rouge ou à la Goutte d’Or, qu’on change d’immeuble au moins. C’est vrai que les gens qui sont revenus chez nous après, nous ont dit que le salon est le même, les objets sont les mêmes. On avait l’impression de juste changer la couleur d’un mur.

Vieillir ici, j’aimerais bien. Dans un monde merveilleux, j’aimerais toujours avoir un petit pied-à-terre dans le dix-huit, peut-être pas mon appartement, peut-être pas rue de Panama parce que le bruit est là. Il y a la rue des Poissonniers, rue de Panama. Mais si tu vas juste au-dessus, derrière, c’est un peu plus calme.

Ici, on est dans le noyau dur quoi. Donc je me dis peut-être que j’aimerais bien, même si je bougeais de Paris, avoir toujours un petit appart ici sans y vivre H24. En effet, en vieillissant, je vais peut-être être fatiguée, et me dire que ça suffit la rigolade.

La musique

J’ai choisi deux morceaux, dont un qui a été directement mon premier choix.

Moi, j’écoute beaucoup, beaucoup, beaucoup de musique, depuis très très longtemps, j’écoute toutes les musiques. J’écoute de la pop, du rock. J’ai vraiment tout écouté, mais j’écoute beaucoup, beaucoup de hip hop depuis une trentaine d’années maintenant. Et encore, j’en écoutais déjà quand j’étais au collège et à l’époque de Rapattitude.

Il y a un morceau qui n’est pas vraiment ce que j’écoute normalement, Là-Haut, d’Hugo TSR, un rappeur du dix-huitième, un peu mystérieux, qu’on voit rarement en concert, qui est un peu discret. C’est un rappeur qui fait toujours le même genre de rap depuis des années, qui n’a jamais bougé et qui fait du rap boom bap, old school mais qui a une super plume. Dans Là-haut, Il parle justement de Château rouge, de Barbès, de la Goutte d’Or et aussi de la proximité avec avec la butte Montmartre. Parce que c’est ça aussi qui est génial à Château Rouge, Barbès, Goutte d’or : tu traverses le boulevard Barbès et t’es chez les bobos, tu passes du côté obscur de la force. T’es face à un des monuments qui fait rêver une bonne partie des touristes venant à Paris. C’est un morceau que j’écoute pas tous les jours, mais j’ai découvert ce morceau. On en avait déjà parlé dans un podcast qui s’appelle Grünt de Jean Morel, un journaliste rap que j’aime beaucoup. Il a fait un épisode sur le rap du dix-huitième.

J’y avais découvert Hugo TSR. Je trouve que c’est super poétique, la manière dont il en parle, c’est très foisonnant, il parle du bissap, il parle des gens qui traînent, il parle des petits business, il parle de la chaleur l’été, parce que qu’il faut dire aussi que Château Rouge Barbès Goutte d’Or, on n’a pas du tout de pas d’espaces verts. On a le square Léon qui est bondé l’été. Ils organisent des événements pendant la Coupe d’Afrique des nations. C’est un événement, c’est hyper sympa. Je suis passé plusieurs fois pendant la CAN, c’est vraiment super, mais il y a une proximité, une densité.

Et quand ça chauffe l’été, ça chauffe ici. Et le son d’Hugo TSR, il exprime un petit peu tout ça. Ce côté foisonnant, ce côté multiculturel, la densité et en même temps la richesse. Je n’aime pas les choses plates. J’aime quand ça bouillonne et quand il y a des énergies qui se croisent. C’est ça qui me plaît vachement ici, ce côté foisonnant et dans ce son, qui est pourtant récent et pourtant un peu boom rap, à l’ancienne, il y a ça. Son écriture, elle est très forte. En plus un mec du dix-huit, donc il le vit personnellement et ça se sent.

Le deuxième morceau, c’est plus le rap que j’écoute, pour le coup, un peu plus moderne, contemporain, c’est un morceau d’un rappeur, Sopico, du 18e aussi, mais qui vient de La Chapelle, vraiment un autre quartier. C’est un morceau qui s’appelle Domo.

C’est un mec que je suis depuis longtemps et c’est un son dans lequel il est en featuring avec un rappeur que j’adore, Népal, qui est mort. Et je suis une fan absolue de Népal depuis longtemps. J’avais envie finalement d’inclure Sopico dans ces sons qui pour moi représentent un peu le dix-huitième dans une vibe complètement différente.

Et en même temps, j’ai choisi ce son-là parce qu’il y avait un featuring avec Népal, que je suis une fan absolue de Népal devant l’éternel.

L’objet

J’avais complètement oublié, à vrai, l’objet connecté au quartier.

Un objet pour moi représente très fortement le quartier. J’en ai un, mais le problème, c’est que je ne sais pas où je l’ai mis.

Mais c’est un objet super emblématique du quartier. C’estune espèce de théière en plastique bariolée dont les musulmans se servent pour faire les ablutions avant la prière. Et ils en vendent partout, partout dans les bazars ici. Et j’en ai un chez moi, dont je me suis servi pendant très très longtemps pour arroser mes plantes.

Ce qui pourrait être chouette, ça serait de sortir et aller faire une photo d’un objet dans un bazar, on va trouver direct. Sinon, s’il faut trouver un autre objet emblématique du quartier, c’est le wax. C’est quelque chose que j’adore ici. J’ai beaucoup de vêtements en wax et je me sens vraiment légitime… je ne sais pas comment dire. C’est comme l’appartenance au quartier. Je me sens légitime de porter des vêtements parce que j’habite à Château Rouge depuis longtemps. Du wax, j’en ai plein depuis longtemps, même avant que ce soit la mode et avant Maison Château Rouge et j’ai même des coussins et mon pouf, avant, il était en wax. J’ai une chaise là-bas qui en est en wax aussi donc j’en ai beaucoup et c’est quelque chose que j’adore.

Et j’adore rentrer dans les boutiques de wax, c’est des boutiques qui sont petites, marrantes parce qu’il y a plein de tissus, parce qu’ils n’ont pas trop l’habitude de voir des Européens, donc ils sont un peu étonnés. Ce qui est génial, c’est que c’est le tissu emblématique de l’Afrique et alors que c’est pas du tout en tissu africain. Le tissu Vlisco, fait en Hollande, c’est le plus cher et le plus apprécié par les Africains. Donc en plus, il y a une histoire très ambiguë autour du colonialisme avec le wax. Et ce qui est intéressant, c’est que tous les motifs ont une histoire. Il y a le hirondelles, il y a les wax de mariage, de décès, quand il y a un événement particulier en Afrique, on fait faire un wax spécifique.
C’est un tissu qui est très très présent à Château Rouge, dans l’environnement, parce qu’il y a plein de boutiques super belles où tous les tissus sont empilés les uns au-dessus des autres et en même temps, c’est présent dans la vie de la communauté africaine au quotidien. On fait des pagnes avec, on fait plein de choses.